Comme en avril 2015, la Montane est recouverte d’une mousse blanche et cette fois la mortalité piscicole est encore plus importante, elle s’étend sur plusieurs kilomètres.
Rappelons que l’entreprise, à l’origine de la pollution de 2015, a été condamnée une première fois en 2013 puis, au pénal à 4000 € d’amende en novembre 2017 et qu’un expert a été nommé par le tribunal pour estimer les préjudices civils. Le procès civil devrait avoir lieu en novembre 2018. A suivre, donc… Notre AAPPMA, celle des Monédières et la fédération avaient déposé plainte et s’étaient constituées parties civiles en 2015. Elles le feront aussi dans les semaines à venir pour ce nouvel épisode de pollution.
Les circonstances et le(s) produit(s) incriminé(s) à l’origine de la pollution actuelle font l’objet d’une enquête par la Gendarmerie et l’Agence française pour la Biodiversité ( ex ONEMA).
Concernant les effets sur le milieu, il faut être très vigilant. En effet, la mousse n’est que la partie visible de la pollution et le produit chimique a tué des poissons de fond comme la loche franche ce qui montre bien qu’il est toxique et présent sur toute l’épaisseur d’eau. La mortalité piscicole est impressionnante mais ne nous trompons pas, c’est bien toute la chaîne alimentaire qui est impactée. Même s’il n’y a pas de mortalité piscicole avérée sur notre territoire (aval des cascades de Gimel), celui-ci est et sera impacté.
Après la pollution de la Corrèze par VEOLIA en 2011, celle de la Montane en 2015, puis celle de la Corrèze à Tulle l’an dernier au niveau du centre aquatique, en voilà une nouvelle. Belote, rebelote et dix de der ! La coupe est pleine au pays vert dont on veut toujours vanter l’image nature. Il est temps de regarder la situation en face. Nos rivières ne sont pas en bon état, un point c’est tout. Les efforts faits en termes d’amélioration des habitats, de continuité écologique, de créations de frayères, d’études, des restauration de ripisylves, de mise en défens des berges, de réintroduction du saumon atlantique…. qu’ils soient supportés par les collectivités publiques ou piscicoles sont de fait constamment rendus inefficaces par les pollutions récurrentes et destructrices.
Ne cédons pas au découragement et puisons dans notre colère la force de poursuivre inlassablement, avec tous ceux qui nous soutiennent, notre lutte pour la reconquête des milieux aquatiques. Nous travaillons dans le sens de l’histoire et pour nos enfants.
Gimel le 14 août 2018
Philippe Bonnet, Président AAPPMA de Tulle