Pollutions Montane été 2024

A PROPOS DES POLLUTIONS RECURRENTES DE LA RIVIERE LA MONTANE

Communiqué :

Le 17 octobre, sous la présidence du Préfet de la Corrèze, se tenait une réunion sur les pollutions qui ont affecté de juillet à septembre la rivière La Montane. Cette rencontre répondait à une demande que nous avions formulée le 16 septembre. Etaient présents, outre les services de l’Etat (DREAL, OFB, SDIS, DDT,1 Gendarmerie), les maires de Eyrein, Gimel les cascades, Saint Priest de Gimel et Vitrac sur Montane, la communauté « Tulle Agglo », l’APPMA « les pêcheurs de Tulle », l’association « Défense et respect du pays de Gimel » et le directeur du « Parc Vuillier ».

Nous avons entendu Monsieur le Préfet déclarer, dans son propos liminaire : « dans cette affaire nous n’avons pas été bons. ».

Il est apparu au cours du tour de table que les services de l’Etat, presque 3 mois après le premier épisode du 21 juillet, étaient toujours dans l’impossibilité, non seulement de localiser l’origine de ces pollutions, mais d’acquérir la certitude qu’il s’agissait bien de pollution. Leurs investigations ne permettent pas, selon eux, « d’objectiver » les faits.

Pour notre part, relayant l’inquiétude et le mécontentement des habitants de Gimel les cascades, nous avons contesté l’idée que les mousses qui ont envahi le lit de la rivière à 6 reprises puissent avoir une cause météorologique (intempéries) ou s’expliquer par le développement « naturel » de matières organiques, comme cela était suggéré.

Nous avons déploré que les investigations des services de l’Etat intervenaient trop tardivement, alors que les « sentinelles » que sont les riverains avaient, eux, effectué leurs signalements « en temps réel ». De surcroît, les enquêtes se limitaient à des inspections visuelles, effectuées après la dissolution des mousses, et pas forcément aux endroits adéquats. L’absence de prélèvements et d’analyses de l’eau, incompréhensible, a évidemment beaucoup compté dans ce constat d’échec des investigations. Nous avons préconisé, notamment, que soit mis en place un « guichet unique » dédié aux signalements car les habitants se perdent dans le maquis des multiples services qui doivent être alertés en cas de suspicion de pollution.

Le Préfet a constaté avec nous « un manque de célérité » des services de l’Etat. Il a proposé que, désormais, les sapeurs-pompiers, par le biais du SDIS, soient les premiers prévenus en cas de pollution apparente et chargés de répercuter les signalements aux autres services compétents. Cette mesure, utile, est malheureusement la seule qui sort de cette réunion.

Nous regrettons que la situation de La Montane, impactée par de trop fréquents épisodes de pollutions catastrophiques (2012, 2015, 2016, 2018 et 2024) ne fasse pas l’objet d’un traitement suffisamment attentif et permanent de la part des services de l’Etat. Notre rivière n’est pas seulement victime de trop nombreux sinistres spectaculaires, mais aussi d’une dégradation « à bas bruit ». Documents à l’appui, nous avons fourni les indices de cette détérioration et indiqué que, selon les dires de l’Agence de l’eau, le bassin de La Montane est, de toute la Corrèze, l’unique endroit où les « pressions industrielles » sur les cours d’eau sont repérées comme anormales, étant rappelée la forte concentration d’ICPE2 dans le secteur.

La Montane n’est pas un cours d’eau comme les autres, comme le Préfet l’a reconnu, en référence à la réputation du site des cascades de Gimel que nous soulignions. Il a ainsi formulé cette consigne en cas de signalement : « quand c’est La Montane, on intervient, même si c’est le week-end ! »

Au cours de la réunion il s’est déclaré en accord avec les propos des représentants de l’association des pêcheurs de Tulle (Phillipe Bonnet) et de l’association défense et respect du pays de Gimel (Didier Peyrat) : « La Montane est un cours d’eau en danger. »

Il a préconisé « un changement de méthode ». Mais à quoi se résume, pour l’instant, ce changement de méthode ? A désigner un « point d’entrée » unique pour les signalements (le SDIS). C’est bien mais c’est peu.

De notre côté, nous estimons que la valeur inestimable de ce cours d’eau et le constat d’échec à quoi se résume la rencontre un tantinet déprimante du 17 octobre invitent à un changement dans les façons de travailler plus radical. Ils justifient la mise en place d’un dispositif spécifique centré sur le bassin de La Montane avec tous les acteurs locaux concernés. Le représentant de l’Etat a lui-même reconnu que ses services « sont rarement sur place » et qu’il conviendrait de « mieux s’articuler » avec les acteurs de terrain. Pour sauver La Montane, un travail permanent et bien plus ancré sur le territoire impacté s’impose.

Nous avons formulé quelques suggestions concrètes. Parmi elles, il serait en premier lieu nécessaire de travailler à l’élaboration d’une charte de connaissance, de protection et de valorisation de La Montane qui soit un repère et une occasion de réunir tous les acteurs présents en permanence sur le terrain : maires, associations, entrepreneurs, agriculteurs, associations locales, riverains. Avec un tel document, de bonnes pratiques locales, à la fois réalistes et efficaces pourraient être encouragées, et changer la donne.

Malheureusement, monsieur le Préfet s’est borné à dire que cette proposition, qualifiée « d’ambitieuse », n’était pas à l’ordre du jour de la réunion, qu’il voulait centrée exclusivement sur les pollutions de l’été.

Pourtant, il faudrait sortir enfin du court-termisme, accepter d’approfondir le sujet pour s’attacher aux problèmes sous-jacents (pollution chronique) dont tel ou tel épisode visible n’est que le symptôme.

Ce n’est pas encore le cas, semble-t-il. Et aucune autre réunion de ce type n’a été planifiée.

Bien décidés à ne pas attendre la prochaine pollution pour agir, nous resterons disponibles, mobilisés, vigilants et inlassablement porteurs de propositions pour protéger et valoriser notre rivière, joyau du pays de Gimel.

Fait à Gimel les cascades, le 18 octobre 2024,

Philippe Bonnet, Didier Peyrat, François Verdier (signataires de la lettre du 16 septembre 2024 adressée au Préfet de la Corrèze).

1 DREAL : Direction régionale de l’environnement et du logement ; OFB : Office français de la biodiversité ; SDIS : service départemental d’incendie et de secours ; DDT : Direction départementale des territoires de la Corrèze.

2 ICPE : Installation classée pour la protection de l’environnement.

Pollutions Montane été 2024